Retour en cuisine {PV Taini}

[Suite de : ceci ]

« Eh ben … De rien. »

Un peu étonné, même carrément vu le personnage qui m’a remercié. Entendre un seul mot sortir de sa bouche doit tenir u miracle. Combien en avait-elle prononcé depuis que nous étions partis ? Hum, pas plus d’une dizaine, je jurerais. Mais bon, je n’allais pas me forcer à faire la conversation, alors je gardais le silence. Et puis, parler à des cheveux, hein … C’est quand même pas super tentant. Je marchais donc d’un bon pas, un peu avant elle, attentif quand même à des menaces éventuelles. J’espérais quand même qu’on n’ait pas à rejouer ce simili de comédie romantico-dramatique mais surtout dramatique en fait … voire pathétique même, en fait. Bon, évitons d’y repenser …

Magician Alley … Dum dim dum … Panneau à droite, panneau à gauche, ah ! Quartier Sud ! Nous étions donc assez proches si j’en croyais ce qui m’entourait. Je m’arrêtais à un carrefour et regardais autour de moi. Pas de panneau … Roh, la poisse … Bon, bah pas le choix. Obligé de décrocher quelques mots à l’autre. Je me forge un sourire de contenance avant de me tourner vers elle alors qu’elle m’a rejoint.

« Bon, là je sèche. Je vous suis. Sauf si vous voulez que je vous laisse là. »

J’ai bien remarqué qu’elle a un peu de mal à dire ‘non’ franchement, et c’est mesquin, mais oui, sur ce coup-là, je venais un peu -carrément- d’en jouer. Alors, oseras-tu me refuser de t’escorte jusqu’à chez toi, ou bien seras-tu obligée de supporter ma présence encore un peu … Ouh, j’ai hâte de savoir la réponse.

La main posée sur la tête de Fenrir, assis à mes pieds, je continuais à sourire, innocemment.

Enfin Magician Alley apparaissait devant ses yeux et Taini allait enfin pouvoir fausser compagnie à l’étrange bonhomme qui lui servait de garde du corps. Sauf qu’il lui vola la parole et avant qu’elle n’ait pu lui annoncer que leur route se séparait ici, qu’elle était arrivée près de chez elle, qu’elle le remerciait et tout le tralala. Il lui proposait de passer devant.
Certes elle mourrait d’envie de tout arrêter là, que ça se termine et que ce loup cesse de lui grogner dessus, mais elle ne pouvait se résoudre à lui lancer : « Ouais c’est ça, casse-toi. Je te laisse ici comme ça j’aurais la paix. ». Ce ne serait pas dit comme ça, mais l’idée qui en émanerait serait certainement dans ce goût-là. Elle aurait pu mentir aussi et dire que sa maison était la première visible et que ce n’était pas la peine qu’il la suive pour si peu. Et là il l’aurait vue bloquée devant la porte qui n’était pas la sienne.
La seule solution qui lui restait était donc d’accepter sa compagnie. Au moins se devait-elle de clore leur histoire en beauté, sur un adieu au pallier.

« Par là… » indiqua-t-elle en pointant la direction du doigt. « Il faudra ensuite tourner à Faligorn quarter et mon logement est quelques pâtés plus loin. »

Terminer le chemin avec lui passer encore, le suivre était une autre chose. Aussi lui avait-elle désigné la zone à suivre, lui évitant ainsi de montrer son dos à l’enn… enfin de le perde de vue quoi. Et surtout, avec une réponse comme celle-ci, il ne pouvait plus la forcer à passer devant. Se tour de force la surpris elle-même et se félicita intérieurement d’avoir réussi à évincer une telle menace. Félicitations qui se lisaient légèrement sur son visage avec un sourire fier doucement esquissé.
Lorsqu’on réussi pour la première fois à trouver une astuce pour contrer une attaque possible, on est en droit de se féliciter. Non ?

Mon sourire s'agrandit devant sa réponse. Ainsi donc, elle refusait de passer devant … Maligne, sa feinte, cela dit. Mais son sourire en était presque angoissant tant il pouvait avoir de significations différentes. Il pouvait signifier « je te cache un truc auquel tu t'attends pas chez moi » … Hum, non, ça ce serait devenir paranoïaque. Ou alors « Hey ! Je l'ai embobiné et il a rien capté ! » Hum, peu probable elle n'avait pas l'air d'une super menteuse. Ou encore « Bon, maintenant qu'on est plus décentrés de l'île, je vais pouvoir le cuisiner à point » …

Mouais, peu probable aussi, elle avait pas l'air bien méchante. Sans vouloir me vanter, je pense réellement être en mesure de me débarrasser vite fait d'elle en cas de besoin, de la neutraliser pour me barrer si nécessité. Alors le coup du « je vais te le faire mijoter à petit feu », ha ! Elle repassera. Enfin, je devais me monter le bourrichon pour rien. Après un haussement d'épaules et de sourcils significatifs d'un je-m'en-foutisme total, je reprenais la marche d'un pas nonchalant, le loup sur les talons. Grognon aujourd'hui, lui … Ou alors elle était bizarre. Enfin, plus qu'elle ne le paraissait. Rho, que de prises de têtes avec elle ! Tiens, "Miss Prise de tête" c'était un bon surnom ça, en attendant d'avoir mieux.

Soudain, je me retournais, marchant à l'envers, la dévisageant, cherchant pendant une à deux minutes le truc qui gênait le loup. Après un soupir, je me re-retournais.

Bref, je continuais droit devant. Elle avait dit quoi après ? Fu … Fla … Faligorn quarter ? Jamais entendu parler. En même temps, jamais entendu parler de Magician Alley, ça doit aller de paire. Je cherchais des yeux Faligorn Quarter sur les divers panneaux. Ce serait quand même trop bête de le rater … Je passerais pour un plouc. Mais ça lui ferait dire trois mots pour me signaler mon erreur. Ou alors elle me fausserait compagnie sans rien dire dans la bonne direction, me laissant planté comme un naze. Ouais, ça c'était fort possible, sauf si elle redoutait une vengeance. Je lui jetais un coup d’œil à la dérobée pour m'assurer, en plus du bruit de ses pas, qu'elle était bien toujours là et que ce n'était pas un golem de pierre à la place que j'avais derrière moi. Coup d’œil furtif par-dessus l'épaule, puis on regarde droit devant pendant quelques temps et on recommence.

Comment ça j'encourageais sa paranoïa ?

La jeune femme garda son sourire un petit moment encore, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que le super-héros en culotte courte la dévisage d’un air suspect. On aurait presque dit qu’il craignait les pensées de Taini. La brune passa du sourire à l’effroi.
Mon dieu, à quoi avait bien pu ressembler son visage pour qu’il soit ainsi soupçonneux à son égard ?
Enfin si elle pouvait le rendre plus distant et la faire paraitre moins chétive, cela n’en serait que mieux et le dissuaderais d’un mauvais coup futur.

Le calme revint et ils cont… ah non ! Il se retourna marchant dans une sorte de rythme titubant. Un peu comme un pingouin selon Taini. Cette dernière haussa un sourcil devant l’attitude étrange du jeune homme. Elle avait beau chercher, il était certain qu’il n’avait pas toute sa tête, ou alors pas dans le bon ordre.

Enfin, le calme revint disions-nous, le petit groupe –si l’on peut appeler ça un groupe- s’approchait petit à petit du dit croisement. Tout aurait été normal, presque tranquille en fait, si cet énergumène qui lui servait derechef de garde du corps, ne se retournait pas toutes les cinq minutes pour vérifié qu’elle était bien là. Comment aurait-elle pu lui fausser compagnie, le tournant était devant. Il la verrait forcément.
Décidément, le seul mot que Taini arrivait à coller sur le front de cet individu était « Weirdos ». Et, cela a beau venir d’elle, n’importe qui d’autres en aurait dit la même chose.

Après tout qui, dans une ville aussi calme que Teeange Island serait aussi amène à craindre le pire au moindre coin de rue, à sortir son arme pour un lapin qui sort d’un buisson. Personne ! Ou tout du moins personne de censé. Ceci explique donc l’étiquette qu’elle a apposée sur le pauvre bougre.

I’m siiiiiiiiiinging in the rain …. Just siiiiinging in the rain … What a gloooorious … Euh … Hum. Pardon. Doublement. Non seulement il ne pleuvait pas, mais en plus, je m’égare. Mais il faut bien avouer que c’était devenu vraiment plus calme, les enfants nous avaient lâchés, l’autre n’avait apparemment pas l’intention de s’enfuir. Super ! Nous allions donc pouvoir faire le reste du chemin tranquillement, sans trucs bizarres. A priori. Et par trucs bizarres, j’entends des trucs vraiment bizarres, comme des soucoupes volantes, des aliens, des … Ouais, non, oubliez. Tout bien considéré, je suis un extra-terrestres dont la « soucoupe » s’est crashée, si l’on omet le fait que la soucoupe soit en fait un grand dirigeable, je suis un truc bizarre, alors …

Non, je vous ai entendu penser, je ne suis pas un truc bizarre !ref. On en était où ? Ah oui, le carrefour. Fali-machin-chose. C’est quoi, d’ailleurs ? Elle m’avait dit qu’il fallait tourner là, mais c’était quoi, exactement ? Un carrefour ? Un quartier entier ? Une gare ? Sait-on jamais. Ou bien une rue, une simple rue comme tant d’autres, pavée de galets aplatis tant par le poids des ans que par les chaussures des promeneurs, le frottement du vent, le battement de la pluie … Les haies taillées par magie, par sécateurs, par le vent … Les maisons, alignées comme des chaumières de poupées, posées là, fleurissant tels de petits champignons … Hum, je m’égare là.

Faligorn quarter était donc une rue. Rue dans laquelle je mengageais arès avoir regardé longuement le panneau comme s’il allait me faire un truc bizarre, bouger, me sauter dessus. On ne savait jamais. Elle habitait Magician Alley, elle était donc magicienne. Les magiciens savent comment animer les objets, non ? Les rendre vivants, les faire attaquer. En fait, j’en sais rien, je n’en ai jamais croisé. Enfin, pas jusqu’à ce jour. Et là je me rends compte qu’elle a peur de l’eau. Caractéristique commune, comme les vampires ? (Si tant est qu’ils existent bien sûr) Ou alors c’est juste elle, elle qui a un problème. Ce qui, soyons francs, est totalement possible.

Bon, Faligorn quarter alors. A gauche, toutes !

« Par contre, il va falloir m’indiquer votre maison ou vous décider à passer devant. Je ne suis pas devin. »

Ou alors elle me dirait clairement qu’elle me plantait là. Ça pourrait être drôle, remarquez …

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