Ma premiere rencontre! Ma premiere journee! La chance est de mon cote! (Avec Taini Miller)

Taini marqua un arrêt, abasourdie par la question qui tombait comme un cheveu sur la soupe.

« Pa… Pardon ? » Demanda-t-elle, certaine d’avoir mal entendu.

Elle tenta de se ressaisir. Une telle question… Soit Diane était une fille étrange, vraiment étrange, soit elle cachait bien son jeu et derrière ses airs de gentille fille, elle était bonne manipulatrice.
De nouveau, les angoisses de Taini lui traversaient la tête alors qu’elle continuait de sourire intriguée à la demoiselle.
Finalement, elle agita la tête comme pour se remettre les idées au clair.

« Non, ce n'est rien. Tu me demandais donc si je préférais sortir la nuit ou le jour ? » continua-t-elle, préférant faire comme s’il s’agissait là d’une question banale. « Je ne sais trop, l’un comme l’autre sont tout aussi beaux. »

Comme vous l’aurez compris, Taini répondit à la question comme si Diane lui avait simplement demandé qui de la nuit ou du jour elle préférait, et non quand elle appréciait le plus sortir. Méthode simple et efficace d’éluder une question gênante.

Taini comprit bien vite que la question n’était formulée telle que l’aurait désirée la jeune fille à la vue de son attitude gênée. A moins que ce ne fusse le sursaut ahuri de Taini qui l’ait rendu mal à l’aise. Cette seconde hypothèse n’effleura qu’à peine la jeune femme qui sourit doucement derrière ses mèches en la voyant essayer de se rattraper.
Elle aussi avait-elle peur d’être jugée ? Sur cette dernière question le regard de Taini se fit vague, réfléchissant à ce qu’une demoiselle comme Diane pouvait bien avoir d’étrange à cacher. Cela ne dura que quelques instants, juste assez pour laisser Diane terminer ce qu’elle avait à dire et laisser Taini entendre son dernier mot : poèmes.

Tiens donc, elle écrivait. La brune fut surprise. Elle lisait beaucoup certes, mais n’écrivait que rarement, voir jamais. Et des poètes, il fallait bien avouer qu’elle en avait rarement vu. Notamment grâce à son cercle d’amis excessivement développé.

« Tu écris ? » s’enquit alors la métisse alors qu’elles continuaient toutes deux leur marche vers le café. « Cela doit être beau de pouvoir écrire ce que l’on a sur le cœur. » ajouta-t-elle en souriant doucement comme une grande sœur.

Non, non, ce n’était pas parce qu’elle lui souriait avec la douceur d’une sœur qu’elle la considérait déjà comme membre de sa famille ou une amie proche et qu’elle serait prête à lui confier tous ses secrets intimes. Non. Mais ces hésitations et ses phrases tâtonnantes rappelaient à Taini celle qu’elle était. Evitant tout conflit, cherchant à ne pas être mal vue. Et ces similarités semblaient créer un petit lien entre Taini et elle – du moins pour Taini – ce qui expliquait ce doux regard.

Merci avait-elle répondu dans un sourire mêlé de gêne et de contentement. Pourtant, Taini n’avait absolument pas l’impression d’avoir dit, ou fait, quelque chose qui puisse la rendre heureuse ou mal à l’aise. Elle avait juste dit… Une vérité générale.
La brune haussa les épaules. Décidément les voies du sei… ah non ! Mauvaise phrase… Décidément, les voies de la sociabilité étaient impénétrables pour Taini, mais elle avait fini par faire avec et n’en était pas encore morte.
Poliment, Taini tint la porte à la demoiselle avant de rentrer à sa suite. Discrètement, ou plutôt du plus discrètement qu’elle put, elle fureta la pièce du regard.
Okay.
Les gâteaux à la crème était à droite, les léger à gauche et tous triés en fonction de leur composition : chocolat ou fruits. Un sourire ravi s’afficha sur le visage de la jeune fille tandis que son accompagnatrice s’était ruée vers la droite, sur le fraisier.

Vraiment, cette Diane était étrange. Par moment elle semblait toute chétive et timide et la seconde suivante, elle se ruait jovialement vers l’objet de son attention. A bien y regarder, en sa compagnie Taini commençait à comprendre pourquoi, outre ses quelques problèmes d’ordres écailleux, elle était si peu douée dans les relations humaines.
Le rythme !
Ce rythme si tumultueux qu’elle n’arrivait jamais à le suivre.
D’ailleurs, la demoiselle avait déjà commandé une part, enfin il lui semblait à moins qu’il ne s’agisse en fait du gâteau entier, et lui demanda aussitôt où elle désirait s’asseoir.

« Euh… Celle que tu désire. » Répondit-elle ne sachant trop quoi répondre. « Je ne sais encore ce que je vais choisir. Assis-toi je te rejoins dès que j’ai passé commande. » Ajouta-t-elle posément.

Laissant Diane s’asseoir à la place qu’elle guettait depuis leur arrivée, elle commanda une part de crumble au cassis et demanda s’il était possible d’apporter la carte des boissons à leur table. Ce que le serveur lui répondit par l’affirmative avec un grand sourire qui la mit mal à l’aise.
Sa petite besogne effectuée, Taini retourna rejoindre la petite fée.

« Je… Je me suis permis de demander la carte des boissons. »Dit-elle soudainement prise d’un doute face à son zèle.

Seul le bruit pressé des pas de Diane permit à Taini de deviner la vivacité avec laquelle la jeune fille se ruait sur sa place tant désirée. Ce qui, d’ailleurs, la fit sourire, surprenant le serveur qui prenait sa commande.

Arrivée près de Diane et lui ayant énoncé sa gène face à son empressement en ce qui concernait la carte, Taini s’assit en face de la jeune fée légèrement rassurée grâce à la réponse de cette dernière.

« Ça me rassure alors » répondit-elle tout en s’asseyant, attendant par la même que sa part de crumble arrive avec la carte.

Heureusement pour les deux jeunes filles, les deux ne tardèrent pas à arriver puisqu’en effet un blanc s’était installé entre les deux demoiselles. Pour il s’agissait de son naturel social et pour l’autre, une autre absence de réflexion.
Le serveur déposa la part devant Taini puis lui tendit la carte, à elle et à sa partenaire. Le tout bien évidemment agrémenté de l’incontournable sourire ravageur du commercial. La magicienne le remercia d’une voix faible avant que ce dernier ne parte s’occuper d’un autre client pour ensuite se tourner vers la fée.

« Bien… Goûtons donc à ces pâtisseries. » proposa-t-elle, essayant d’être plus sociable.

Plongeant sa fourchette à dessert dans la pâte craquante du crumble, Taini jaugea la texture du gâteau avant d’y goûter. La pâte était exquise et le cassis allégeait délicatement cette dernière.
Cette douce sensation sucrée et consistante lui titillait allègrement les papilles. Tellement que si Taini n’avait été Taini et qu’elles étaient les personnages d’un manga shojo, l’amérindienne aurait surement prit ses joues entre ses mains et gémit de plaisir les yeux pétillant de joie, le tout sans aucune retenue. Mais bon, Taini étant Taini et les deux demoiselles n’étant que deux jeunes filles banales – si l’on puits dire…- qui vivaient dans le monde réel.

La brunette s’en tint donc à un simple sourire radieux et épanoui qu’elle ne pouvait guère retenir à cause de son amour immodéré pour les pâtisseries. Sourire qui s’évinça bien vite pour reprendre celui de complaisance.

« Je dois avouer que le pâtissier fait un travail remarquable… » Avoua-t-elle avant de jeter un œil sur la carte.

Le choix était large et les prix, à la vue de la qualité, étaient raisonnables. De quoi ravir les gourmets. Parmi les boissons, le regard de la magicienne fut attiré par un chocolat sucré au lait de goyave avec, par-dessus, une mousse citronnée. Son regard pétilla en lisant la description du chocolat et, dès que l’un des serveurs passerait, pour sur elle le commanderait.

Cependant entre les rêveries de Diane et la lecture de Taini, un énième blanc s’était immiscé entre elles. Silence que la jolie fée se chargea de remplir en quémandant à sa compatriote de goûter le crumble.
Chose que Taini eut du mal à refuser bien qu’elle en resta surprise. Seule sa sœur, c'est-à-dire la personne qui lui était la plus proche, le lui avait jamais demandé. Il faut dire que normalement, on ne cherche guère à piquer dans l’assiette d’une personne rencontrée quelques minutes plus tôt au coin d’une rue.
Mais ici la normalité semblait être toute autre que celle de la brune avait toujours connue.

Après avoir délicatement déposé un bout de sa sucrerie dans l’assiette de Diane, Taini interpela un serveur qui passait non loin et passa commande de sa boisson pour mieux se tourner vers Diane, lui indiquant du regard qu’elle pouvait, elle aussi, commander de quoi se désaltérer.

« Pardon ? »Hoqueta la métisse. « Je… Non, je n’ai pas ce pouvoir. » Bredouilla-t-elle confuse.

Avait-elle commis un impair par cette proposition ? Cela la tourmenta d’autant qu’elle n’avait jamais été le type de personne qui réussissait à prévoir les envies ou les actions futures d’autrui. Déjà qu’elle n’avait jamais été vraiment apprécié que ce soit pour ses pouvoirs, mais surtout pour ses écailles. Alors si en plus on la soupçonnait d’un tel tour. C’était sur, on la monterait sur l’échafaud.

« Ce n’est qu’une… coïncidence ! Oui, une simple coïncidence ! » Se défendit-elle gauchement, agrémentant son discours de mouvements éparses et un sourire, qui semblait plus proche du rictus qu’autre chose, aux lèvres.

Après ce petit incident, Diane prit enfin le menu en main et utilisa l’arme ultime commune à toutes les fées surpuissantes : le hasard ! Et plus précisément, le hasard de Ams’ ! Evénement assez surprenant pour Taini qui retrouvait ainsi une certaine normalité « humaine » dirons-nous.
Parmi les nombreux passants, elle n’en avait observé que peu dont le physique restait à peu près commun, qu’il s’agisse de l’habillement ou de la couleur de leur cheveux, quant à la teneur des dialogues, n’en parlons même pas. Elle n’avait compris qu’à peine un tiers du vocabulaire qu’ils utilisaient.
C’est pourquoi entendre une comptine enfantine qu’elle connaissait entonnée ici, à Teenage Island, l’étonna.

« Tu… tu connais cette comptine ? » se hasarda-t-elle à questionner après qu’elle eut passé commande.

Pour une personne un peu plus… instruite, la question aurait plutôt été tu es humaine. Mais Taini ne savait que peu de choses de l’univers magique, alors pour elle, les dimensions magiques et les différentes planètes n’étaient qu’une chimère qui lui était encore inconnue.

« Oui » répondit-elle d’un ton enjoué. « Ma sœur et… »

Taini s’interrompit aussi tôt sa phrase entamée. Depuis quand livrait-elle ainsi des informations à des inconnus, ou pour si peu qu’ils sont à peine des connaissances ? Certes Diane était une personne agréable qui semblait fortement naïve, mais l’expérience avait appris à la métisse à se méfier des autres. Ce ne serait guère la première fois qu’on lui jouerait la douce et avenante jeune fille pour mieux l’humilier et la railler ensuite. Alors pourquoi se laissait-elle attendrir ainsi ?
Elle-même n’arrivait pas à comprendre sa propre attitude.

Sans doute était-ce du au fait qu’ici, elle ne connaissait personne. Personne ne savait et ne risquait de tout faire pour se moquer d’elle. Et puis, peut-être qu’au fond, elle espérait sincèrement que les personnes d’ici soient plus… compréhensive et qu’ils l’accepteraient. Après tout, n’était-ce pas un lieu où seules les personnes magiques pouvaient habiter ? Enfin, ce n’était pas comme si les sirènes existaient réellement non plus. De ce fait, ils auraient grand mal à la voir comme un être « normal ».

« Enfin, oui ça m’est arrivé de l’utiliser. C’était même plutôt courant chez les enfants là où j’habitais en fait… » reprit-elle d’une voix stressée.

Finalement, le serveur revint avec leurs commandes. Taini le remercia avant de plonger ses lèvres dans son chocolat, pour se calmer un peu en quelque sorte. Fermant les yeux, elle savoura cette gorgée, y discernant les goûts et les saveurs présentes. L’amertume du cacao pur, le sucré de la goyave et la douceur de la crème se mêlaient avec allégresse, offrant une saveur onctueuse et nouvelle qui sembla ravir les papilles de la demoiselle.
Au final sa réaction ne fut qu’à peine moins étrange que celle de la gente demoiselle assise en face d’elle. Aussi le serveur leur lança un sourire amusé avant de partir, ces deux jeunes filles s’étaient bien trouvées.

A présent relaxée, elle prit une petite inspiration avant de reprendre la conversation.

« Disons que c’est la première fois depuis mon arrivée que j’entends cette comptine ou… tout du moins une expression que je connaisse. » hésita-t-elle.

Retrouver un peu de chez soi… De chez soi.
Quand elle pensait à chez elle, bien sur que Taini repensait à sa sœur et leur nombreuses folies qui leur valurent diverses punitions, à l’amour de ses parents, leur grande piscine. Mais aussi à des souvenirs un peu moins chaleureux. Les moqueries, les humiliations, les rixes dans des coins de l’école, les bleus...
Bref rien de bien joyeux.
Elle enfourna donc un bout de son crumble avant de répondre à la douce fée.

« Oui je présume… » dit-elle néanmoins songeuse. « Je veux dire par là, je ne suis pas spécialement mal à l’aise ici. Donc, je ne sais trop si la maison me manque déjà ou non. »

Comment aurait-elle être mal à l’aise ici. Elle ne connaissait autant dire personne, personne ne savait et ne risquait donc de se faire un malin plaisir à lui en faire baver… Ou lui tripoter la nageoire. Si si, ça c’était vu ! Et quitte à choisir, Taini préférait peut-être la première option à la seconde…
Diane, lui demanda si elle connaissait New York. L’amérindienne n’était pas plus bête qu’un autre et avait compris le sens de la question. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser à qui ne connaissait pas New York, la ville des lumières.

« Oui… Enfin de nom seulement, je n’y ai jamais mis les pieds. » répondit-elle un peu triste à cette pensée.

Au moins une fois elle aurait aimé admirer la statue de la liberté.

« Mais tu y as vécu c’est cela ? La statue de la liberté est-elle aussi bien qu’on le dit ? » l’interrogea-t-elle d’une voix douce.

Vraiment, Taini se sentait à l’aise avec Diane. Peut-être était-ce parce qu’il émanait d’elle une sensation bienfaisante ou parce qu’inconsciemment, Taini sentait qu’elle était du genre naïve et peu tête en l’air et que de ce fait, elle ne risquait rien. Nul ne saurait le dire, mais les faits été là. Avec Diane, Taini se sentait de parler d’un ton un peu plus naturel et moins gêné.

Taini écouta docilement la description romanesque que Diane faisait de l’honorable statue et, tout en tendant l’oreille au propos de cette dernière, elle souriait légèrement à ses paroles tout en s’appuyant sur sa main, accoudée à la table.
Plus Diane continuait, plus elle voyait la jeune fée partir dans sa rêverie avant d’en retomber brusquement un peu gênée de s’être autant emportée.
La métisse répondit à sa gêne par un sourire rassurant.

« Je vois, elle a l’air vraiment sublime alors, vu le portrait que tu en fais. »

Dès qu’elle en aurait les moyens, il faudrait absolument qu’elle prévoit de faire un voyage à New York pour la voir au moins une fois. On ne sait jamais, des avions pourraient bien la détruire un jour qui sait… Oui, c’était à noter dans sa liste des choses à faire.

N’ayant autre chose à dire, Taini but quelques gorgées du doux chocolat puis prit une bouchée du crumble, regardant par la fenêtre le ciel azuré.
Le temps était magnifique et cette couleur pure semblait réchauffer le cœur de Taini. Plongée dans une rêverie vide, elle en oubliait sa compagne. S’en rendant compte, elle se retourna vers elle en souriant un peu crispée devant son manque de respect.

« Ainsi tu as des pouvoirs toi aussi ? » lança-t-elle de but en blanc, balançant le premier truc qui lui passait par la tête et ce n’était pas le meilleur sujet de conversation selon la magicienne.

Demander, de la sorte, de telles choses et personnelle qui plus est. C’était vraiment… d’un sans gène et surtout cela l’obligerait en retour à parler d’elle…

Un blanc se fit et Taini fixa la demoiselle, une ombre venait de passer sur son regard. Aïe… Elle venait de faire une boulette. Elle qui d’habitude parlait de frivolité ne voulant pas s’acoquiner avec les autres, elle avait fait une bourde avec une personne qu’elle appréciait en se mêlant de ce qui ne la regardait pas.
Pourtant, Diane lui répondit d’un ton serein avec sa petite expression habituelle au visage. Taini se demanda donc si elle n’avait pas rêvé, mais qu’importe. La métisse prit la phrase de la fée pour une petite blague et lui répondit un petit rire aux lèvres.

« Aha ! Ne t’inquiète pas, je n’en ai pas l’intention, cette part là est bien assez grosse pour moi. Et puis je ne pense pas que le pâtissier apprécierait une concurrence aussi déloyale. »

Taini lui sourit. Diane ne l’avait pas mal prit et lui avait même offert une plaisanterie. Il fallait avouer que demander à un habitant de Teenage Island s’il possédait des pouvoirs magiques (ou des armes magiques, c’est selon) c’était un peu comme demander à un poisson s’il savait respirer sous l’eau. Stupide. Taini était d’ailleurs reconnaissante à Diane de ne pas l’avoir prise pour une idiote après avoir posé une telle question.

Le temps passait, et les gâteaux respectifs des deux jeunes filles étaient bien entamés. De même que leur boisson. Qu’elle heure était-il au fait ? La magicienne ne s’en était plus occupé depuis qu’elle avait percuté rencontré Diane.
Dégustant la dernière bouchée de son crumble, Taini interpela l’un des serveurs pour avoir son addition et ainsi payer. Le jeune homme s’exécuta et lui apporta le petit bout de papier en souriant.

Après avoir lu le prix et déposa les 7DM sur la soucoupe prévue à cet effet et regarda Diane.

« Si tu as fini, je pense que l’on peut partir. Ce serait bête d’empêcher quelqu’un de découvrir leurs délicieuses pâtisseries non ? » entonna-t-elle détendue.

Emménager ici hein ? Il est que cette idée alléchait grandement la brune, mais elle risquait bien vite de prendre des kilos, déjà qu’elle en avait quelques-uns en suppléments. Pour les moments de disette, disait sa mère. Et puis, avec les breuvages et autres mixtures que la demoiselle préparait de temps à autre, elle aurait tôt fait de faire fuir la clientèle avec les effluves parfois peu ragoûtantes.

« Tu finirais par perdre la ligne… A moins que leurs pâtisseries soient acaloriques. » plaisanta-t-elle avec cependant une petit rêverie concernant cette hypothèse. Ne serait-ce pas magnifique si c’était le cas ? « Pourquoi pas… Sais-tu où l’on peut trouver un glacier ? Car ce n’est pas ici qu’ils en vendent, c’est certain. » ajouta-t-elle.

Note pour plus tard, éviter de trainer trop souvent avec Diane dans des quartiers emplis de pâtisseries, confiseries et autres magasins alimentaires. La ligne de l’amérindienne finirait par en pâtir grandement. Déjà qu’elle se retenait de ne pas trop en engloutir pour éviter de grossir… Là ce serait l’hécatombe. Elle terminerait obèse en moins de temps qu’il ne faut à une fée pour se transformer. Et, bien que Taini ne cherche pas à séduire les hommes et à avoir –qui a dit enfin ?- un petit ami, elle n’en reste pas moins une femme qui tiens à être un minimum élégante et dans une forme à peu près correcte.

Et tandis que Taini comparait sa physionomie avec celle filiforme de Diane, un billet apparu sous ses yeux, tendue par la jeune fée à la mine désolée. La magicienne haussa un sourcil, elle n’avait pas souvenir de lui avoir payé ou avancé quoique ce soit. La demoiselle dut s’en rendre compte à son tour puisqu’elle grimaça devant son inattention et rangea le billet gênée de sa petite bêtise, une légère confusion.
Confusion qui fit rire Taini. Oh ! Pas un rire méchant, ni même moqueur, juste un rire sincère et joyeux. Après tout combien de fois avait-elle pu voir une personne donner d’instinct l’argent qu’elle devait à son accompagnateur sans que ce dernier dût lui demander à être rembourser ? Et puis, oublier que l’on avait payé n’était pas des plus commun non plus et pourtant, cela ne surpris qu’à moitié Taini.
Décidément, la jeune fille devant elle n’était pas commune et sortait de l’ordinaire, dans le bon sens du terme, pas comme une certaine personne qu’elle rencontrerait plus tard. Mais ça c’est une autre histoire.

« Merci pour ton honnêteté. » souffla la métisse dans un sourire.

Etoile maladroite. Taini aimait bien cette expression. Ca sonnait comme l’expression d’un enfant qui en aurait vécu de belles et qui, plutôt que de maudire son étoile qui lui apportait autant de problèmes, préférait dire qu’elle n’était pas très douée dans son travail d’étoile porte bonheur. Peut-être devrait-elle l’utiliser pour parler de la sienne, car depuis plusieurs années, elle devait effectivement ne pas être très adroite dans sa besogne pour qu’il lui arrive autant de misères.
En regardant Diane, Taini se dit aussi que vu la maladresse de la demoiselle, elle pouvait tout aussi bien se référer à cela, plutôt qu’à un passé malheureux. Après tout, Taini n’est ni devin, ni télépathe –on a pu le constater depuis le temps…- pour pouvoir dire ce que pensent les gens ou ce qu’ils vont faire.

Et tandis que son esprit continuait ses pérégrinations -depuis combien de temps duraient-elles ? L’esprit est si rapide à la réflexion…-, Taini répondit à Diane.

« Pourquoi pas. » Décidément, elle l’utilise souvent cette expression : « pourquoi pas ». « Evite juste de lui rentrer dedans comme tu l’as fait avec moi. Ca serait bête de renverser les glaces. »

Evidemment, Taini parlait d’un glacier ambulant et non d’une boutique comme le café qu’elles quittaient à l’instant.
Dehors il faisait d’ailleurs plus chaud que dans le café où l’air conditionné permettait de survivre si l’on avait l’envie suicidaire de manger une forêt noire ou un cake anglais bien épais en plein moins d’août, au beau milieu de l’été californien.

Alors qu’elles s’avançaient dans la rue qui longeait le café, Taini repensait à leur conversation là-bas. Elle avait des pouvoirs, logique certes, mais vu l’allure de cette dernière, elle n’était sûrement pas une sorcière et comme elle ne l’avait pas croisé dans le quartier –bien qu’elle ne l’ait pas fouillé de fond en comble…-, c’était donc une fée.
Ce qui lui faisait penser qu’on lui avait souvent raconté que les fées devaient se transformer pour utiliser leurs pouvoirs à leur maximum. Taini avait toujours trouvé ça… embêtant. Après tout durant ce laps de temps, la personne n’était-elle pas la cible des ennemis, leur offrant ainsi son corps à découvert –aka tecna avec les trix…-. Elle avait aussi entendu dire que les fées étaient limitées à un type de magie unique.
Alors que Taini se perdait dans ses élucubrations et son frein à lui poser des questions sur sa transformation et sa magie, elle fixait la pauvre Diane, qui, avouons-le, ne devait pas trouver ça agréable à part si elle était une diva adorant les paparazzis.