La plage, la mer, le soleil et .... une rencontre! C'est l'ete! (avec Nawfel Duventrel)

Le matin s'est levé et je suis toujours aussi pensive. Toutes ces nouvelles choses que j'ai apprises et pourtant, cela ne fait pas si longtemps que je suis ici! Ce n'est pas une ile tranquille comme les autres, cela est sur! Je suis sous ma couverture et je ne sais vraiment pas quoi faire. J'y pense, le mois d'aout vient de commencer et je ne suis toujours pas allée voir la mer. C'est vrai que ces temps-ci, j'ai eu beaucoup a faire: l'apprentissage de la magie, les nouveaux voisins et les rêves incessants et insensés qui occupent mes pensées. C'est décidé! Je vais aller a la plage voir comment ça se passe et pouvoir gouter a l'ambiance de cet ile. C'est mon troisième jour ici et il est temps que je découvre des environs un peu plus loin que le Dating Center, et pourquoi pas Gardenia! J'en ai entendu parlé a la télé, il parait que c'est une ville pleine de boutiques et d'animations. Cela donne envie de faire virer au rouge mon compte bancaire.
Je me mets a rêvasser un peu avant de me lever d'un coup, faisant sursauter mon chaton. Je mets d'un coup une robe débardeur rayée a la verticale, a taille haute et aux plis foncés. Je ne prendrai pas de petit-déjeuner, je suis trop impatiente de sortir. Je dévale les escaliers et j'évite de justesse la collision avec Milky. J'enfile mes sandales compensées argentées pour pouvoir quand même courir sur le sable. C'est ça, avoir du style, il y'a des sacrifices...... On peut s'auto-complimenter de temps-en temps. Ah oui! J'oublie mon chapeau, une capeline en paille avec les petites fleurs, au dessus d'un noeud papillon dont les rubans blancs pendent sur le coté. Je prends mes lunettes de soleil couleur miel et je sors suivi de Milky. En route pour la "grande détente"! Euh non, ça ne peut pas être la "grande détente" puisque je ne fais rien de toute façon.... Il faut lui donner un autre nom.
Tout le quartier est en pleine effervescence, on dirait que je ne suis pas la seule a avoir cette idée. Peut-être qu' Anne est quelque part par la! Je marche le long du trottoir en regardant les fées passer en volant, je suis tellement énervée de ne pas pouvoir faire la même chose. Suis-je intimidée? Je ne sais pas, mais je reste sur mon élan parce que je veux que rien ne gâche cette belle journée. C'est midi et la chaleur règne sur la route de la plage. Mais pas d'inquiétude, la brise est la a notre rescousse. Je prends mon chat dans les bras pour le soulager de la marche et je chantonne en même temps quelques chansons pour donner une atmosphère agréable a notre promenade.
Mais tout d'un coup, je me suis rendu compte que je ne connais pas la route..... Quoi?! Je m'arrête soudainement et je me mets a réfléchir. Comment ai-je pu marcher jusqu'ici sans prendre un minimum d'informations? Pourquoi suis-je aussi étourdie? Pourquoi?! Le soleil brulant me monte a la tête et je crois commencer a cuire comme un oeuf! Pas de panique, je n'ai qu'a demander a un passant de m'indiquer la route. Je me suis fait un film pour rien, il ne fait même pas nuit..... Alors je prends l'initiative de demander au garçon qui a juste a l'instant passé devant moi:

"Excusez-moi! Bonjour, vous pourriez m'indiquer la route vers la plage?"

C'était un garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus avec l'oeil droite bandé. C'est un magicien, un sorcier? Je ne sais pas vraiment quoi dire mais tant pis, je fonce!

Voilà, on est au mois d’août. Un mois de plus en moins !
Nawfel donna un coup de pied dans un caillou qui trainait par là. Pourquoi le temps passait si vite ? Il avait à peine emménagé dans sa maison de Fairy Dust depuis une poignée de jours et il n’avait pratiquement rien fait. Enfin si, il avait principalement redécoré sa demeure, pour le plus grand bonheur de Vehmen, son Maine Coon. En effet, la bestiole pouvait se mouvoir à loisir dans les grands espaces créés ou jouer dans le jardin, chose qu’il lui était impossible dans l’animalerie où il était enfermé avant.

Ce doux matin donc, le Spécialiste avait décidé de se reprendre en main. Il faisait beau, la vie était belle, il y avait plein de jolies demoiselles dans cette contrée…Il était temps d’explorer les lieux !

D’un pas tranquille, les mains dans les poches, Nawfel flânait sur l’île. Vêtu d’un débardeur et d’un pantalon noir, il avait laissé sa veste à la maison et opté pour des tongs. C’était les chaussures les plus adaptées : il voulait aller à la plage. Pour compléter sa tenue, il avait bandé son œil avec son fameux cache noir. Ceci apportait une petite touche fantaisiste voire mystérieuse : ça plaisait assez.

A cette période de l’année, les avantages de la plage étaient nombreux lorsque l’on voulait rencontrer des gens. D’abord, les filles y étaient généralement peu vêtues ce qui permettait d’avoir un aperçu des…qualités potentielles qu’elles pourraient avoir. De plus, les gens y étaient plus enclins à papoter, il était plus aisé de se mêler aux autres pour une partie de beach volley que pour un shopping…
Mais au-delà de ces explications frivoles, Nawfel souhaitait surtout faire connaissance avec des personnes qui auraient vécu des choses extraordinaires. Étancher sa soif d’aventures grâce à celles des autres était un bon moyen de rêver à moindre frais.

"Excusez-moi! Bonjour, vous pourriez m'indiquer la route vers la plage?"

« …nié ? »
Un instant étonné de cette demande inattendue, le jeune homme se repris. Il désigna du doigt un panneau situé à une dizaine de mètres :

« Le panneau indique que c’est par là Mademoiselle… » dit-il poliment de sa voix amicale.
Puis il relooka l’inconnue. De façon discrète hein, du coin de l’œil.
« Drôle de tenue… »
En effet, une robe aux rayures verticales était peu courante ! Et ce grand chapeau…
Il sourit :

« Je vais à la plage aussi, je t’accompagne ? Tu vas retrouver des amis ? »

Non, Nawfel ne pensa pas « voir des amies mignonnes comme toi ? », mais plutôt « cool, je vais pouvoir papoter enfin ! Parce que Vehmen est bien gentil mais il est pas très bavard… »

Je regarde le panneau, il est venu d'ou celui-la? Ce sont les lutins qui l'ont mis la? Tout ça pour rien.... Je suis abasourdie et surprise, je m'étonnerai toujours autant! Avant de reprendre mes esprits, encore éberluée, je ré-entends le mot plage. Une invitation?! Non je ne crois pas que ce soit une blague. Pourquoi pas! C'est mieux que de finir la journée toute seule avec son chat et en plus, ce sera un peu plus amusant. Je souris et réponds:

"Oui, pourquoi pas! Non j'y vais seule avec mon chaton.... Je m'appelle Diane, Diane Laya."

C'est si soudain mais j'aime bien les personnes franches qui n'hésite pas dans la vie. Pourquoi toujours ces sous-entendus ou ces "remettre a demain ce que j'ai a faire aujourd'hui". La vie serait plus simple si.... Je crois qu'on n'est plus très loin de cette plage. Je lance un regard je ne sais comment le décrire au panneau magique. Car ou bien il est magique, ou bien c'est le coup d'un extra-terrestre malveillant. Je suis butée et c'est ainsi.
Reprenons avec le garçon, je trouve l'idée de la bande sur l'oeil très drôle, ou alors c'est un vrai? Ce n'est pas vraiment important de le savoir sinon que cela lui donne un air de pirate. Je m'attends déjà a ce qu'il dégaine son sabre laser pour faire voler en éclats tous mes plans..... Je me fais encore des films.... Si cela continue, je ne saurai plus distinguer le vrai du faux et je serai réalisatrice d'un film spectaculaire "Les fées contre les pirates" ou quelque chose du genre. Encore n'a-t-il pas donner son nom... une victime de plus de mes surnoms! J'adore rencontrer de nouvelles personnes, on est presque sur de ne pas s'ennuyer.
Le soleil haut et fort dans le ciel déverse ses rayons brulants sur cette ile étrange, du moins, pour moi. Aucun nuage ne vient couvrir cette chaleur et les cocotiers environnants donnent quand même un peu d'ombre surplombant tout le trottoir.

Alors je peux, peut-être, espérer une journée normale....

Amusé, Nawfel regarde une ado éberluée se rendre compte qu’il y avait un panneau. Visiblement, la demoiselle était tête en l’air ! Tant mieux, c’était plus fun. Ne pas voir un panneau alors qu’on était perdu…c’était fort de café !
L’inconnue ne passa pas par quatre chemin et répondit à ses interrogations en une phrase : elle n’allait voir personne, accepter son invitation et s’appelait Diane Laya.

« Ca m’dit quelque chose ce nom…Tu n’habiterais pas Fairy Dust par hasard ? »

Ben oui, à force de se fader la rue en long, en large et en travers, il connaissait déjà une poignée de détails sur les résidentes (eh oui, pour l’instant, il était le seul Monsieur ! Voilà qui était parfait !).

« Un chat ? »

Le Spécialiste jeta un œil (avec le cache sur l’un des deux, forcément, il ne peut jeter qu’un œil…) autour de Diane et avisa une bestiole.

« Ooooh trop choupi ! Moi aussi j’ai un félin, mais il est plus…massif. C’est un Maine Coon, tu connais ? »

Cette race était connue et en même temps pas du tout. Il s’agissait de chats d’une taille assez grande avec une tête très carrée. Très poilus, ils ressemblaient vraiment à des peluches ! Et de manière générale, ils avaient très bon caractère.
Papoti,papota, les deux jeunes gens arrivèrent finalement – grâce aux panneaux- à la fameuse plage.
Nawfel ne tarda pas à faire la moue :

« Ah, flûte, j’ai pas pris de serviette, je vais avoir du sable partout… »

Je suis impressionnée et ébahie, on me connait déjà avant de me connaitre ou c'est l'inverse. Je ne savais pas que je suis devenue si populaire! Ou bien il a enquêté sur moi.... non, c'est trop roman policier. Mais j'en conclus alors qu'il habite a Fairy Dust, quel intérêt pour les sorciers et les magiciens pourraient avoir a connaitre mon nom, moi qui est sans défense. C'est une fée? Dit comme cela..... ça fait peur de le voir en strass et paillettes. Je fais un petit rire en y pensant, quel indiscrète je fais! J'affirme son hypothèse, si s'en est un:

"Oui, j'habite a Fairy Dust. Pourquoi, on s'est déjà rencontre?"

Une tête en l'air comme moi doit s'informer de ces étourderies. Je reprends:

"Non, mais j'aimerais bien en voir un!"

Il n'a pas vu Milky depuis le début! Et moi qui me plains de mon panneau.... Je ne suis pas la seule et je suis soulagée! Je suis curieuse de voir de quoi son chat a l'air, massif comme un genre de petit ours ou de gros chien?
Tout en discutant de pleins de choses divers, il en sait des choses! Nous arrivons a l'entrée de la plage et mon chaton s'est enfoncé subitement dans mes bras. Le soleil a perdu un peu de son éclat et l'air marin dont l'odeur salée devient plus perceptible. C'est la mer! Des algues ont envahi les quelques rochers des alentours et les coquillages abondent sur le sable, ils sont très jolis. J'en attrape une a coté de mon pied et la mets devant le soleil pour voir si elle brille. Je la garde, je la mettrai dans une boite souvenir ou je l'enverrai a Aisha.
Nawfel est très... joyeux comme garçon. C'est plus agréable qu'une tête d'enterrement. Il est sympathique et aimable. J'ai pris de mon sac a imprimé fleuri, une serviette pliée en quatre. Ce matin, j'ai été tellement pressée de sortir que je n'ai pris que mon Ipod, un livre et un appareil photo. Je fais un petit rire et dit en toussotant:

"C'est ça que tu veux?"

Il est peut-être un coquet qui s'ignore.

Nawfel crut entendre un petit rire en provenance de Diane. Il l’observa en biais, méfiant. Se moquait-elle de lui ? L’ingrate ! Il pouvait lui aussi ironisait sur la tenue de la demoiselle et son évident problème d’attention, alors mieux valait qu’elle ne la ramène pas trop, sinon…

Il n’eut pas besoin de finir sa sentence : Diane répondit le plus naturellement du monde sur un ton agréable.

"Oui, j'habite a Fairy Dust. Pourquoi, on s'est déjà rencontre?"

Le Spécialiste grimaça en passant une main dans ses cheveux bruns (ils étaient pas assez en bataille comme ça…).

« Aheum…non, on ne s’est pas déjà croisés, je me serais souvenu de toi ! »

Nawfel se prépara à voir Diane rougir. Il aimait bien quand les filles se sentaient soudainement gênée par un compliment. A moins qu’elle ne s’énerve parce qu’elle croirait qu’il se serait souvenu d’elle négativement.
Il observa la Fée. Sa réaction lui indiquerait quelle genre de nana elle était.
En attendant, il répondit à l’interrogation sous entendue :

« Je suis de Fairy Dust moi aussi, j’ai dû voir ton nom sur ta boîte au lettre, voilà pourquoi je m’en souviens ! »

Enfin, quand la conversation dériva sur les chats, Nawfel sourit :

« Je te le montrerai avec plaisir. Il aime bien faire le beau ! Mais tu risques de le voir trainer dans le quartier de toute façon, tu pourras pas le manquer !»

Alors que les deux jeunes gens arrivaient sur la plage et que le garçon râlait à cause d’un oubli, Diane ramassa un coquillage. Le Spécialiste ne put retenir une remarque :

« Le cliché romantique…sans déconner… »

Ca ne se voulait pas méchant, mais la Fée pouvait aisément le prendre mal.
Au même moment, elle offrait à Nawfel de lui prêter sa serviette. Il en resta comme un rond de frite. Raaah qu’est ce que c’était bien de se balader avec une fille ! Dans leurs sacs, elles avaient toujours ce qu’il fallait ! Une bouteille d’eau, une serviette…

« Ah, parfait, merci ! » se contenta t-il de dire en attrapant l’objet de sa convoitise.

« Hm…tu préfères marcher un peu ou t’asseoir ? »

C'est un compliment? Je rougis a peine avant de me ressaisir, ce n'est pas le moment.... Je dis avec enthousiasme:

"Chouette! Je lui préparerai quelque chose, qu'est-ce qu'il aime manger? Et comment s'appelle-t-il?"

Suis-je devenue une mordue de chat ou d'animaux? Mais j'aimerais quand même lui faire plaisir et, il deviendra peut-être un ami de Milky, ce serait mignon..... Je sais qu'un rien peut me rendre heureuse mais je suis née comme ça. Attendez...nom, nom,nom..... Mais oui son nom! Je ne connais pas le nom du garçon alors que je demande celui du chat, zut... Alors je suis mes parole en disant:

"Et je veux bien aussi connaitre ton prénom."

J'espère qu'il ne sera pas vexe ou bien, me trouveras-t-il ridicule? Moi, je connais déjà mon état lamentable.

Les bruits des vagues sont si apaisants.

Romantique?.... C'est ce que les gens pensent réellement de moi? Ou bien mes gestes me donnent des airs qui n'ont rien a avoir avec ce que je ressens vraiment? C'est peut-être pour cela que toutes les personnes que j'ai rencontrée m'ont dites des choses qui dépassent l'entendement. En fait, je n'ai jamais pensé a avoir un petit-ami. Mon quartier me déteste trop pour ça. Plus j'y pense et plus je m'y perds.... J'ai peur de mes sentiments, que ce soit de l'amitié, de l'amour ou de la haine, j'ai peur de les ressentir et de les dévoiler . Les raisons sont tellement nombreuses si je reconsidère la question, les préjugés, le mal que je peux faire aux autres,les malentendus..... Tout se contredit en moi car, en temps normal, je ne me laisserai jamais influencer par les autres.

Je ne sais plus qui je suis....

Quoi? Tout ça pour un seul mot! Je commence a croire que j'ai des tendances défaitistes ou quelque chose du genre.

J'ajuste les plis de ma robe et je réplique doucement:

"Tu n'y es pas du tout, c'est pour l'offrir a une amie, elle voulait a tout prix un souvenir d'ici."

Je souris en repensant a Aisha qui doit m'attendre impatiemment. Je continue avec un ton des plus apaisants et c'est ce qui m'intrigue le plus:

"Ça me plairait bien de visiter les environs."

Je pense que ce n'est pas un magicien, sinon il aurait fait apparaitre une serviette depuis longtemps. Alors puisqu'il habite a Fairy Dust, que peut-il bien être?
Mais même après toutes ces pensées, je suis plutôt très contente.

Je suis venue ici pour m'amuser et en plus je suis avec quelqu'un, j'ai donc de la chance non? Alors je réouvre les yeux mais avec un autre regard. Je sais que je change très vite d'état d'esprit mais ce n'est pas un don..... peut-être que si.
Je souris car je suis heureuse d'avoir pu surmonter ces pensées. J'ouvre la marche a gauche droit devant. Je chantonne une mélodie quelconque, mon enthousiasme me perdra. La journée sera longue et risque de ne pas s'arrêter la mais ce n'est pas ça qui va me faire fléchir. Je suis décidée a mettre tout mon coeur et tout mon âme a en faire un moment inoubliable , surtout pour une 'oublie-vite' comme moi.

"Chouette! Je lui préparerai quelque chose, qu'est-ce qu'il aime manger? Et comment s'appelle-t-il?"

« Il s’appelle Vehmen. C’est un peu original, je te l’accorde…ne rigole pas ! Hmm j’ai remarqué qu’il aimait bien les grosses crevettes. J’imagine qu’il les pique chez le poissonnier du coin parce que je le vois mal partir à la pêche. Tu cuisines toi ? Ca c’est cool ! Tu pourrais me préparer quelque chose à moi aussi ? J’suis gourmand or ici, ce qu’il y a ne me transcende pas… »

Bavard, légèrement sans gêne…Sur quoi Diane était-elle tombée ?! En plus le jeune homme ne se présentait pas…Quel malotru !

« Ah oui pardon. »

Il lui tendit la main :

« Nawfel Duventrel, ravi ! »

Ceci fait, la conversation tourna jusqu’à en arriver aux coquillages.

"Tu n'y es pas du tout, c'est pour l'offrir a une amie, elle voulait a tout prix un souvenir d'ici."

Nawfel haussa les épaules :

« Oui bah c’est bien ce que je dis, c’est romantique ! Le romantisme n’existe pas qu’entre amoureux…Pour l’amitié ça marche aussi ! Enfin je pense. Non ? »

Finalement, après une brève évaluation, Diane décida qu’ils iraient se balader.
« Flûte, j’aurai pas du parler de serviette, si je la lui rend maintenant je vais avoir l’air d’un débile flemmard… »
Ainsi le jeune homme porta le tissu autour de son cou.

« Beh c’est parti. Alors comme ça, t’es une Fée ? C’est quoi ta spécialité ? »

Je fais un petit rire devant l'impressionnant gourmand et je lui propose alors:

"C'est trop mimi comme nom, je l'adore!"

Moi-même, spécialiste des surnoms en tous genres. Je suis ébahie par l'originalité de ce nom.

"D'accord c'est noté pour les crevettes! Et toi alors, quel est ton plat préféré? Je t'en ferai un avec plaisir alors n'hésite pas sur les menus."

Et je lui tends aussi la main de façon amicale en souriant de bon coeur et dis:

"Enchantée!"

Il a mis la serviette autour du cou, c'est une forme de politesse? Ou veut-il peut-être paraitre plus sportif?
Je marche en regardant le sable fin qui parait lisse et doux comme de la soie. La brise marine fait voleter mes cheveux. Je tiens mon chapeau qui, lui, ne demande qu'a s'envoler. J'admets que c'est tout de même agréable de sentir ce vent frais. Je marche quelques secondes en réfléchissant a la question, c'est plus facile de parler de chats et de nourritures, je l'avoue.
Spécialité.... Je ne connais pas ma spécialité.... Mais je donne quand même ma réponse sans aucune honte:

"Ma spécialité, je ne la connais pas. Je suis fée depuis un mois ou je devrais dire, je me suis rendu compte que je le suis depuis un mois."

Cette question me donne une certaine nostalgie du passé lorsque, en partant au collège, des ailes me sont apparues en plein milieu de la route, et, que j'ai du me cacher derrière un buisson pour qu'on ne me repère pas avant l'arrivée d'Aicha. Maintenant que j'y pense, cela a été drôle. Je n'ai même pas osé me retourner tellement les ailes m'ont fait peur.
Je trouverai bien un jour mon affinité! Le moment venu, je serai une vraie fée mais, est-ce cela mon vrai but? Je me rends compte que je n'ai pas vraiment de but dans la vie. Ce n'est pas si grave, cela viendra avec le temps! Quelle optimiste je fais!

Nawfel s’attendait à ce que Diane rigole du nom de son chat, et lorsqu’elle laissa échapper un petit ricanement, il fit la moue et ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose. Il ne put rien dire puisque la demoiselle enchaina :

"C'est trop mimi comme nom, je l'adore!"

Le Spécialiste haussa un sourcil. Elle lui avait coupé l’herbe sous le pied la bougresse ! Il balbutia un « euh bah…merci ! C’est moi qui l’ai trouvé ! »
"D'accord c'est noté pour les crevettes! Et toi alors, quel est ton plat préféré? Je t'en ferai un avec plaisir alors n'hésite pas sur les menus."

« Les demoiselles rougissantes… »Aheum.
Remis de ses émotions, il sourit :

« Je ne suis pas un difficile ! Qu’est ce que tu sais faire de mieux ? Je te dirais si ça me convient. »
Il serra avec douceur la main de Diane et la garda là un peu plus qu’une poignée de secondes.

"Ma spécialité, je ne la connais pas. Je suis fée depuis un mois ou je devrais dire, je me suis rendu compte que je le suis depuis un mois."
Nawfel hocha la tête. Depuis un mois seulement ? La pauvre avait dû avoir un sacré choc !

« Tu ne te doutais pas un peu que tu étais spéciale ? Tu viens de quelle planète ? »
La plupart des habitants des autres planètes que la Terre connaissaient l’existence des Fées et on s’avait rapidement quelles filles en étaient une et lesquelles n’en étaient pas…Que la véritable nature de Diane ne se soit révélée que maintenant intriguait le Spécialiste.

« C’est étrange quand même…Pour ta spécialité, ça viendra. Vu ce que tu dis, ça aura peut être un rapport avec la cuisine ! Tu imagines si tu lances des fondants au chocolat avec tes mains ? Tu pourras m’attaquer quand tu voudras ! »

Je dois avouer que tous mes plats sont assez moyens car j'essaye surtout de ne pas les rater. Je m'en sors bien quand même en cuisine. Ma spécialité est.... la mousse au chocolat....les macarons.... les tartes aux mures.... C'est difficile de les comparer puisque je les réussis toutes. Apres une minute de réflexion, je décide de lui préparer une tarte aux citrons! Avec des morceaux d'ananas aussi! Je frétille déjà de joie en pensant a l'odeur que le plat apportera a la maison. Je lui propose alors:

"Je n'ai pas vraiment de spécialité.... aimes-tu les citrons?"

Je vais plutôt lui en faire la surprise, j'adore les surprises!

Nawfel est-il du genre sentimental ou est-ce une impression? Sa main plus chaude que l'air estival de ce midi englobe la mienne, plus petite et plus frêle, avec une certaine insistance. Je me fais peut-être des idées.
Je continue mes dires:

"Je suis terrienne, j'habitais a New York, si t'en as entendu parler, dans un quartier.... ou la magie n'est pas courante et c'est pour cela que je ne savais rien. Pourtant, je m'en doutais un peu mais j'avais toujours l'impression que quelque chose me poussait a penser a autre chose."

C'est vrai que maintenant que j'y pense, lorsque je voulais chanter, il m'était impossible de sortir une note. Cela a été tellement bizarre que je ne voulais pas inquiéter mes parents inutilement.
Je rigole a l'idée saugrenue de Nawfel. C'est drôle quand même! Je ne pensais pas qu'il aurait une imagination aussi débordante que la mienne, j'en suis impressionnée. Je n'y ai pas pensé et pourtant je pourrais bien représenter une héroïne de dessins animés.

"Oui! Bonne idée! Avec de la crème vanille avec un gout de banane aussi, miam! Tu vas devenir un sorbet en deux secondes, ce serait génial comme pouvoir! Surtout la glace a volonté...."

J'imagine des chaises au chocolat, mon lit a la gelée de framboises et les rideaux faits de réglisses. Je suis une gourmande incorrigible.... C'est quand même un pouvoir agréable.

Je lui pose quand même une question, la question que je me pose depuis le début:

"Et toi, tu es quoi en fait, tu disais que tu habitais a Fairy Dust mais je croyais qu'il n'y avait que des fées."

C'est vrai que je suis perdue quand même.

"Je n'ai pas vraiment de spécialité.... aimes-tu les citrons?"

…Les citrons ? les trucs jaunes acides là ?...
Nawfel regarda Diane en coin. Il avait l’air inquiet, méfiant et se disait certainement que finalement, il n’irait pas manger chez elle.
Il hésita :

« Des citrons…euh…un pote terrien m’avait dit que sur Terre, ils les utilisaient pour rendre les dents plus blanches. Pour me fiche de lui, j’ai pris la moitié d’un et je l’ai appliqué sur mes dents. Ca m’a fait mal pendant 3 jours après…donc…j’imagine que j’aime pas les citrons… »

Il sourit, contrit. Bien sûr son sourire était digne d’une pub pour dentifrice.

Peu de temps après, Diane expliqua qu’elle venait de New York. Ce nom n’évoquait pas grand-chose à la mémoire du Spécialiste. Peut être avait-il lu quelque chose sur cette ville dans un journal mais il ne s’en souvenait plus.

« Ah ouais, je comprends mieux. Ca doit faire un choc quand même ! »

"Oui! Bonne idée! Avec de la crème vanille avec un gout de banane aussi, miam!"

Nawfel rigola. N’empêche, ça pouvait être vachement cool d’avoir une amie qui balançait des trucs bons gratis !

"Tu vas devenir un sorbet en deux secondes, ce serait génial comme pouvoir! Surtout la glace a volonté...."

« Que je devienne une glace à volonté ?...Hey, c’est une invitation ? »
Il garda sa réflexion pour lui, mieux valait ne pas affoler la demoiselle. Cependant, son regard s’alluma d’une lueur ironique.
Heureusement que la Fée en revint à un sujet moins tendancieux !

« Mais si je suis une Fée ! La Fée du logis !....Banane. T’as beaucoup à apprendre on dirait ! Être une Fée est un privilège de fille. Nous les mecs, on devient des Spécialistes, des guerriers quoi. On n’a pas de pouvoirs, on se bat avec des armes. Mais d’après ce que je sais, c’est pas les armes que celles auxquelles tu penses. Elles sont plus poussées que celles des terriens. »

Je ris un moment, son pote n'a pas tord mais après, je me rends compte que lui aussi vient d'une autre planète. Est-ce que tous viennent d'un autre monde ou suis-je devenue folle? Il ne connait pas le citron alors je vais en faire, une affaire personnelle. Je vais tout faire pour lui donner une autre image des recettes d'ici, parole de Diane. Il faudrait d'abord trouver un vendeur de citronnade. Je regarde le plus loin possible et j'en ai trouvé un. Je lui explique alors en essayant d'être la plus compréhensible possible:

"Ton ami n'a pas tord, mais il ne t'as pas tout dis. Tu sais les citrons sont mangeables , mais nous ne les utilisons pas si directement. On procède a beaucoup de choses jusqu'a qu'il devienne sucré. Le gout est agréable, surtout en été, car il est rafraichissant. "

Son ami s'est un peu fichu de lui. Je brule d'impatience de connaitre ses premières impressions. Je dis avec ardeur, je suis très motivée:

"C'est décidé, je vais te le faire gouter mais, d'une autre manière et l'injustice au citron sera réparé! Tu vas voir c'est délicieux!"

Je réponds ensuite avec un ton plus....triste:

"Mais c'est vrai que cela a été un choc, pourtant je me suis faite petit a petit même si jusqu'a maintenant j'ai des doutes...."

Je crois que j'en ai trop dit, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai peur au fond de moi. Pourtant, je ne suis pas du genre si angoissée que cela. Je vais avoir une mine d'enterrement si je continue comme ça. Allez, ressaisis-toi ma vieille, ce n'est pas le moment de flancher!
Mes yeux brillent d'admiration en entendant ces mots, je dis avec enthousiasme:

"Ouah! Tu es un genre de chevalier!"

Alors, si je comprends bien, les .... spécialiste sont des garçons et les fées, des filles. J'ai peur de l'avoir vexé, je veux réparer ma faute, mais comment?
Pour l'instant je suis plus excitée qu'inquiète, je veux vraiment voir comment ils combattent, les techniques, le maniement, tout en faite!

"Est-ce que j'aurai l'occasion, un jour, de voir comment tu te bats? Cela doit être impressionnant!"

J'hésite avant de parler mais je me dis que peut-être....:

"Tu pourrais aussi m'apprendre a me battre.... si tu le veux bien sur..."

Je prononce ces mots , si imperceptibles, avec beaucoup d'hésitation. Je rougis car je crois en demander trop. Je n'aurais pas du me précipiter, ni le demander. Qu'est-ce que j'ai fait?

Je vois le vendeur de citronnade, qui devient de plus en plus perceptible. Je souris et j'oublie ce que j'ai dit. Je prends sa main si chaude et le pousse vers le stand.
Ce "beaucoup de sujets de conversation en une seule" m'a fatigué et rien de mieux qu'un liquide rafraichissant pour se revigorer pendant l'été.

Le sable si mou semble vouloir se faufiler dans mes sandales et tout, a peu près, me semble briller de mille feux. C'est si étrange.... je suis devenue étrangère a moi-même. Je suis une fée et une humaine en même temps ou je ne le suis plus. Je me sens déracinée de ma famille, de mon amie, de ma ville. Je me sens perdre toutes ces choses si importantes a mes yeux. Je crois que je m'égare tout simplement car, même si cela peut paraitre vrai, je ne les oublierai jamais.

On approche du vendeur, je lui dis doucement:

"Ferme les yeux."

Sadiquement, Diane rigola à l’anecdote de Nawfel. Pour un terrien, ce devait effectivement être rigolo mais pour le jeune homme, ça avait surtout été douloureux ! Lui qui aimait les aliments soit bien chauds soit bien froids n’avait pas apprécié les trois jours qui suivirent l’expérience.

« Marre toi vas-y, jte ferai goûter des trucs chelous de mon monde, tu feras moins la maligne ! » ronchonna t-il, le sourire aux lèvres cependant. En effet, comme dit le dicton ‘femme qui rit, femme à moitié dans son lit’.
Mais non, il blaguait. Vu la dégaine de sa nouvelle connaissance, il pourrait être sanctionné pour détournement de mineur…Autant dire que cette optique ne lui plaisait pas trop.

Un instant la Fée sembla penser à autre chose mais elle enchaina bien vite sur l’autre sujet de conversation, désamorçant la curiosité du Spécialiste. Calmement, elle lui expliqua qu’il s’était fait roulé par son pote et était passé pour un imbécile.

« Y’a d’autres trucs dégueu quand c’est nature ? Genre le…poivre, c’est ça ? N’empêche, c’est sympa de vouloir tenter de rattraper le coup mais moi je veux plus avoir affaire à un citron, sucre ou pas ! »
Le jeune homme paraissait déterminé, malgré la visible motivation de Diane, il ne sera pas facile de le faire changer d’avis.
Devant eux se profilait une cabane mais il ne le remarqua pas.

"Mais c'est vrai que cela a été un choc, pourtant je me suis faite petit a petit même si jusqu'a maintenant j'ai des doutes...."
Nawfel fronça les sourcils. Il n’était pas sûr de bien comprendre.

« Des doutes ? A propos de quoi ? »
Certes, c’était assez indiscret, mais tant pis ! Les mystères agaçaient le Spécialiste.

Par chance, un sujet bien plus joyeux arriva :

"Ouah! Tu es un genre de chevalier!"
Chevalier…oui, c’était un peu ça quand on y pensait.

« Exactement, mais je suis en cher et en os moi, pas comme dans vos films à l’eau de rose ! »
"Est-ce que j'aurai l'occasion, un jour, de voir comment tu te bats? Cela doit être impressionnant!"
L’air désinvolte (alors que pas du tout), Nawfel haussa les épaules :

« J’imagine que oui. Je suis sûr que tu es ce genre de fille maladroite à ce mettre dans des situations pas possibles…Or j’ai entendu dire qu’il y avait des créatures dangereuses dans le coin. »
Regardant Diane de haut en bas du coin de l’œil, il ajouta :

« Fais gaffe hein ! Va pas risquer de te blesser pour voir comment je me bats comme un dieu. Surtout si tu ne sais pas te servir de tes pouvoirs ! »Il se méfiait. Les gamines faisaient parfois des trucs insensés pour les garçons. Il devraient peut être faire un peu plus attention à ce qu’il disait.

"Tu pourrais aussi m'apprendre à me battre.... si tu le veux bien sur..."«Gloups ….On me l’avait jamais faite celle là ! »
Qu’est ce que cette Fée avait dans la tête ? Elle avait des pouvoirs, c’est avec ça qu’elle devait se battre ! Lui était contraint de se défendre par les armes, c’était comme ça, pas autrement.

« Ton idée est un peu saugrenue. Et puis, t’as déjà des pouvoirs ! Moi, je n’ai que ma technique avec mon arme. Si en plus je t’apprends ce que je sais,… »
Il ne finit pas sa phrase et secoua la tête. La fin était sous entendue « tu seras plus forte que moi et ça c’est pas possible. ». Le ton de la conversation n’était pas tendu, pourtant Nawfel était assez sérieux : il ne lui apprendrait pas !

De fil en aiguille, les deux habitants de Fairy Dust s’approchèrent de la baraque. Il faut dire que Diane avait saisit la main de Nawfel pour le tirer. Ce dernier, après avoir un peu résisté histoire de montrer que c’était lui qui avait le dessus et qu’il se laissait volontairement faire, la suivit finalement en rigolant.

"Ferme les yeux."

Le Spécialiste hésita.

« Pourquoi ? » tenta t-il maigrement de savoir « elle a quoi de spéciale ta baraque ? »

Puis, après quelques instants, il ferma les yeux. Mais à peine deux secondes passèrent avant qu’il n’entrouvre légèrement celui qui n’était pas caché. Le visage de Diane apparut et prit sur le fait, il le referma. Un large sourire étira ses lèvres.

Mais comment a-t il su que je suis maladroite? Je chuchote a moi-même:

"Comment tu le sais?......."

La honte de ses défauts est le pire déshonneur, voila une phrase intelligente!

Il s'inquiète pour moi ou se moque simplement parce que je suis une fille? Je réplique car, pour l'escrimeuse que je suis, je ne peux tolérer une telle insulte. Et en plus, je pourrais très bien manier une épée! Je pourrais arriver a me servir d'une grande épée avec beaucoup d'entrainement. Je suis pourtant très en colère mais je n'en reflète que de la tristesse. On me prend déjà de haut, ou bien on me sous-estime ou bien on me surestime.... A 17 ans encore, on me traite comme une enfant. Mais tout de même, j'avoue que mes agissements sont très gamins.... "La honte de ses défauts est le pire déshonneur", je suis gamine et c'est ainsi :

"Ne t'inquiète pas, j'ai déjà fait de l'escrime et du karaté. Alors, je sais me battre."

Je le dis tout en étant inquiète de ce qu'il penserait de moi. Une fille qui se bat, une fille qui a des aptitudes en sport jamais inégalées dans son école. J'ai toujours eu ce proverbe dans la tête avant chaque combat, "Quand on veut, on peut." C'est assez normal puisque presque tous les pratiquants de ces clubs ont été des garçons. Ces souvenirs sont, pour moi, une source de fierté et de tristesse.

Mais je ne dois pas me laisser dominer par ces sentiments, je souris quand même pour la surprise. J'espère juste qu'il ne sera pas trop surpris. Je commande un échantillon de la limonade au cas ou il n'aimerais pas. Je prends le petit gobelet et le lui tends. Je lui dis dans un optimisme chaleureux:

"Prends ça, et bois-le, mais n'ouvre pas les yeux!"

J'ai surtout envie de rendre heureux les personnes qui m'entourent, même ceux qui me haïssent. Je sais que c'est naif mais je n'ai pas envie de vivre dans le cauchemar d'autrefois.

Nawfel entendit un chuchotement. Il cru comprendre quelque chose comme "Comment tu le sais?......."

Il haussa les épaules et sourit:

"C'est un défaut que vous les filles, vous avez quasiment toutes !"

Et c'était prouvé. Sur toutes les demoiselles qu'il avait côtoyé, seules deux ou trois ne faisaient pas de gaffes de façon récurrentes.

Diane ne tarda pas à se défendre face aux moqueries (gentilles) du Spécialiste. Ce dernier en écarquilla les yeux de surprise :
"De l'escrime et du karaté ? Vraiment ? Eh ben...on dirait pas...je vais peut être réfléchir à deux fois avant de te taquiner alors..." dit-il en jetant un regard en coin à l'intéressée.

Le ton de la jeune fille semblait inquiet. Bizarre...Une fille qui sait se battre est plutôt fière non ?

"Pourquoi cette tête ? C'est bien ! Les environs ne sont pas sûrs, et puis, comme tu connais déjà pas mal de techniques, je n'ai rien à t'apprendre ! C'est nickel."

Visiblement, le jeune homme avait quelques réticences à partager son savoir du combat. Rien de bien étonnant à cela. Diane aura certainement remarqué que derrière son air innocent, Nawfel a un orgueil mal placé. L'idée même d'être battu par une fille lui était inimaginable.

Rapidement, la Fée plaça un verre entre les mains du Spécialiste. Il grimaça:

"J'espère que c'est pas encore un truc terrien dégueu, sinon, gard à toi !"

Et après une hésitation, il porta le breuvage à ses lèvres (avec un peu de mal, yeux fermés oblige). Il but une gorgée, fit claquer sa langue et rouvrit l'oeil.

"Mouais, c'pas mauvais. Un peu trop sucré quand même. C'est quoi ? T'en prends pas ?"

Quel macho quand même! Je suis pourtant surprise qu'il ait a peu près aimé la limonade. J'ai peur du choc qu'il aura quand il saura qu'il y'a du citron dans le breuvage qu'il vient d'avaler. Je suis pourtant contente et d'un air joyeux, je réponds:

"De la limonade! C'est fait avec du citron! Si je vais en prendre volontiers!"

Je commande le jus en question. Je prends le verre et avec gourmandise, je bois une gorgée. Que c'est bon! J'ai la langue qui pétille et la fraicheur du verre me soulage de cette chaleur prenante. Je reprends alors:

"Surpris? Désolé, si tu n'as pas aimé mais j'avais envie que tu y goutes pour en juger par toi-même."

J'espère qu'il ne se fâchera pas de mes petites cachotteries. Déjà qu'il me taquine, alors donnant donnant. Eh oui, c'est ça l'égalité! Mais je voulais surtout qu'il montre a son copain qu'il n'était pas aussi naïf que ça.

"De la limonade! C'est fait avec du citron! Si je vais en prendre volontiers!"

Nawfel fit la moue. Il s'était stupidement laissé avoir. Diane avait réussi à le convaincre que le citron n'était pas nécessairement une mauvaise chose. Boudeur, il répondit:

"Ouais bon, ça me transcende pas hein ! En revanche toi t'as l'air d'aimer ça..." ajouta t-il, remarquant l'expression gourmande qui s'était peinte sur le visage de la Fée.
Le sourire narquois, il chuchota:

"Fais gaffe, je suis sûr que ça fait grossir !"

Ouuuh le vilain ! C'était pas gentil de parler poids à une fille ! Mais bon, dans sa tête, Nawfel savait que ce n'était pas une remarque désobligeante: Diane était une jolie fille visiblement bien proportionnée: elle pouvait bien boire un peu de limonade ! Si elle avait été plus rondelette, le jeune homme n'aurait certainement pas glissé cette vanne. En effet, quoiqu'il en dise, son but était de faire sourire, rougir, rendre confus mais en aucun cas de blesser. Après tout, c'était un Spécialiste, il avait donc bon fond malgré les éventuelles apparences !

"Surpris? Désolé, si tu n'as pas aimé mais j'avais envie que tu y goutes pour en juger par toi-même."

Il s'étira: "Oui, t'as raison, mieux vaut multiplier les expériences pour se faire une idée juste des choses !"

Je ris a sa remarque: au moins, il est franc. Je reprends une petite quantité du verre. C'est en abusant de quelque chose, qu'on a de mauvaises surprises! Je commence après a marcher un peu devant car j'ai envie de m'approcher de la mer. La plage parait si immense et le sable chaud brille aux rayons du soleil. Je lui dis avec un clin d'oeil:

"Tu lis dans mes pensées!"

Puis je savoure le liquide sucré et amer. Ça m'a vraiment amusé ce qu'il a dit et ce qui fait que, j'ai envie d'une autre blague. Je raffole des phrases comiques. J'engloutis sans remords tout ce que je peux trouver de drôle, films, bandes dessinées, dessins animés, chansons. Je ne laisse rien sans que je ne le connaisse déjà, encore mon coté enfantin qui me joue des tours. Je fais cela peut-être pour combler ce vide en moi. Ce n'est pas une question d'ennui, je ne m'ennuie jamais mais.... c'est comme rattraper le temps perdu a se cacher dans l'ombre. Malgré tout, je ne regrette rien car cela m'a permis de forger mon propre caractère, sans l'influence des No Powers. Je proclame:

"Alors voila encore une affaire de régler pour Diane Laya! Une étoile de plus pour la justicière en herbe"

Moi qui a cru un instant que je serais finalement normale, malheureusement, les blagues a deux sous sont de retour..... Que je suis chanceuse.....

Nawfel vit Diane rigoler. Ah, ouf ! Elle était vraiment une fille pas chiante, il ne s'était pas trompé. Enfin, elle avait certainement pas mal de défauts irritants mais au moins, elle n'était pas de celles qui prenaient mal tout humour sur leurs courbes.

"Tu lis dans mes pensées!"

Il sourit: "J'aimerai mieux pas, je suis sûre que tu as des pensées bizarres !"

Le temps que la Fée boive goulument son breuvage, le Spécialiste soupira:

"Ah quel temps ! Il fait bien chaud !"

Oui, vous ne rêvez pas, il faisait la conversation. Et quoi de mieux pour ça que de parler du temps ? C'était un sujet banal qui invitait à donner son avis et qui dérivait souvent sur d'autres sujets moins banals.
Mais en même temps qu'il parla, Diane -qui avait déjà fini son verre !- s'exclama:

"Alors voila encore une affaire de régler pour Diane Laya! Une étoile de plus pour la justicière en herbe"

Il sursauta presque et regarda la demoiselle, méfiant même si vers la fin, il était amusé:

"Ca y est, tu divagues...je suis sûre qu'il y a quelque chose de pas net dans cette boisson...Sérieusement...Une étoile pour avoir permis de rendre justice à un citron ? On me l'avait jamais faite !"

Voila! Ce qui a du arriver est arrivé, il me prend pour une folle saoul.... Je dois faire peur maintenant. Bizarre, mes pensées sont bizarres, c'est mieux qu'affreux ou terrifiants mais ca donne le même gout quand même. J'ai cru avoir trouver un jeune homme au sens de l'humour dépassant l'entendement. Mais ce n'est pas ça qui va m'énerver! J'ai déjà assez souffert de ces remarques a Endines et je ne répéterai pas la même histoire. Je veux simplement et seulement vivre.... vivre comme je l'entends et tant pis pour ceux qui me trouvent bizarre, étrange saugrenue. Même si cela me fait mal, je ne cèderai pas a mes larmes du passé. Je m'approche de lui, le verre a la main, et lui réplique avec un tendre sourire, je suis simplement calme:

"Je ne suis pas bizarre, je dis juste les choses autrement! Et d'une facon un peu plus drôle. La vie est plus belle quand tout fait rire."

Je le regarde dans les yeux. Rectification, dans l'oeil car il avait ce bandeau que je ne daigne pas a l'entrevoir, de peur de le gêner. Et je continue en disant:

"Si tu veux, je peux arrêter si cela t'as choqué?...."

Je ne veux perdre personne. je veux uniquement avoir une nouvelle vie.

"Je ne suis pas bizarre, je dis juste les choses autrement! Et d'une façon un peu plus drôle. La vie est plus belle quand tout fait rire."

Nawfel regarda la Fée, étonné.

"Tu as bien raison...Tu as l'air plus mûre que ce qu'il n'y parait. Au fait...tu as quel âge ?"

Héhé, elle lui avait donné là une bonne occasion de poser LA question ! Plus sérieusement, il se demandait vraiment quand elle était née. Elle ne semblait pas être majeure mais ses paroles étaient plutôt sensées.

"Si tu veux, je peux arrêter si cela t'as choqué?...."

Le Spécialiste cligna des yeux avant de les ouvrir en grand:

"Hein ?! Ca va pas nan ? Moi j'aime bien, ça change. Et puis, ça me fait du bien de remettre en question mes préjugés sur les filles."

Il secoua la tête, grimaça et ajouta:

"Pfff...s'arrêter d'être soi même...ça n'a aucun sens ! Si quelqu'un est choqué de ta façon d'être, laisse le s'accoutumer mais si il n'y arrive vraiment pas, inutile de continuer à lui parler ! Non ? Enfin, je dis pas que tu dois jamais prendre sur toi et être toujours joyeuse, mais si t'es comme ça, tu dois le rester un minimum."

Mon age ne me reflète pas, je le sais et on me le dit souvent. J'espère qu'il ne me traitera pas de menteuse car je n'ai pas envie de m'expliquer sur ce sujet. Mais c'est aussi une occasion de connaitre aussi le sien. Je réponds et questionne:

"17 ans et toi?"

Je suis intriguée par moi-même, d'habitude je ne m'influence pas pour les autres. La dernière fois que je l'ai faite, cela a été pour ma meilleure amie, la première fois que l'on s'est rencontrée. Est-il devenu spécial a mes yeux? J'ai peut-être de l'estime ou quelque chose de ce genre pour lui. C'est nouveau, ce sentiment d'être tellement a l'aise, joyeuse et libérée des contraintes de la vie. Ca me soulage de l'entendre dire.... Nawfel est un garçon pas comme les autres, il est égocentrique et un peu taquin mais il n'est pas du tout égoïste. Je fais peut-être fausse route mais c'est mon impression du moment. Je peux paraitre très ouverte sur le coup mais c'est en fait tout le contraire. Si j'ai eu le choix au début..... Je reste stupéfaite car ce sont aussi les premiers mots d'Aicha il y'a de cela plus de 10 ans et ce sont aussi les derniers qu'elle m'ait dits avant de partir d'Endines. Je ressens une vague de nostalgie me traverser, "Tu dois vivre comme tu l'entends". Je lui gratifie d'un sourire pour acquiescer et je lui dis sans même avoir essayer de me maitriser:

"Merci, alors j'ai ton feu vert!"

Je ris avec bon coeur alors que la chaleur me monte aux joues. L'après-midi s'est annoncé mais la temperature reste toujours aussi constante et suffocante. Je marche un peu avant de me décider qu'il faudrait se reposer un peu. Je me retourne pour voir Nawfel et je m'écrie:

"Nawfel! Je crois que c'est l'endroit idéal pour se reposer. On pourra utiliser la serviette que tu portes a ton cou!"

Je fais un clin d'oeil moqueur car le pauvre a du la porter pendant tout le trajet et ça a du lui tenir chaud. J'ai peur qu'il se sente mal a cause de la chaleur.

"17 ans et toi?"

Nawfel arqua un sourcil et regarda Diane de haut en bas. Il finit par hausser les épaules, ne se départissant pas de son sourire léger et répondit:

"Eh bien, d'après toi ?"

Héhé. Il aimait bien savoir quel âge on lui donnait. Généralement, les gens ne tombaient pas pile.

"Merci, alors j'ai ton feu vert!"

Le Spécialiste pouffa:

"Le feu vert ? Oui, appelle ça comme tu veux ! C'est une expression d'ici ?"

Bien sûr, le jeune homme savait ce qu'était un feu vert, mais il ne connaissait pas cette expression couramment employée sur Terre.
Tranquillement, les mains dans les poches, Nawfel suivit le mouvement, ce qui se résumait à suivre Diane. Elle avait pris de l'avance. C'était rare les filles qui marchaient innocemment devant un mec...Il sourit à cette pensée mais fut interrompu par la voix de la Fée.

"Qu'est ce que c'est que cette ironie que je sens poindre ? Ca va, je peux porter une serviette..." assura t-il en attrapant le dit objet pour l'étendre à ses pieds. Oui, à ses pieds, donc à quelques grands pas de Diane.
Nawfel avait le sourire taquin.

Je réponds a sa question:

"Avoir le feu vert c'est avoir son accord. Je ne sais pas s'il vient d'ici car je ne suis plus sure de rien."

Je reprends car montrer ainsi ma faiblesse m'est insupportable:

"Je ne connais pas les autres planètes pour pouvoir comparer mais si tu veux, on peut dire que c'est terrien."

Son age.... Je ne sais pas vraiment quoi lui donner. A première vue, il a 19 ans mais j'hésite.... 18 ans alors. Je reste debout et je regarde l'horizon, c'est beau un ciel bleu. Même si dans quelques instants il se peindra d'orange et de rouge. Romantique hein, pourquoi pas? Je ne suis partie a la mer qu'une fois dans ma vie sans compter celui-ci. Ce jour-la, mon père a réussi a avoir un congé et nous a emmené voir la mer au soleil couchant. Cela a été la plus belle chose que j'ai vu de toute ma vie. A ce moment-la, j'ai eu mes 8 ans. Je réponds a son défi:

"J'hésite entre le 18 et le 19...."

Je propose les deux car j'ai toujours la fâcheuse habitude de penser au bon résultat et de répondre par un autre. C'est terrible comme habitude mais c'est la malchance qui veut ça. Il a l'air de vouloir s'asseoir la ou il est. Je ne vois aucune objection. Je m'avance et j'étends mieux la serviette car elle est très froissée. Je rétorque alors:

"C'est froissée, attend. Voila, son altesse est servi!"

Et d'un geste de la main, je lui indique que c'est près en m'inclinant très légèrement. Je souris a mon illusion pour répondre au sien.